16 octobre, 2010

Amoureuse du Mexique et des Indigènes

Une bonne semaine est passé depuis mon arrivée à San Cristobal. Je suis partie à Tzajala où j'ai passé une semaine là-bas. Depuis aujourd'hui samedi, me voilà de retour à la civilisation avec tout plein de choses à vous raconter car à Tzajala, il n'y a ni internet, ni téléphone.
J'ai donc passé deux nuits à San Cristobal chez Nataté, j'ai visité la ville etc mais tout ça vous le savez déjà. Lundi dans la matinée je crois, je ne sais plus trop en fait, je suis allé à Tzajala. Un village dans la montagne en pleine forêt. Au début, j'étais plutôt réticente à l'idée de me retrouver dans la flore et la faune sauvage du Mexique avec des tarentules plus grosses que mes deux mains réunies. Au final je n'ai jamais rien vu qui soit plus gros que chez nous. Le trajet était même plutôt folklorique. Tous à l'arrière d'une camionnette ouverte sans ceinture avec des passagers qui venaient et descendaient limite en route. A certains moment il y a avait trop de passagers et nous étions obligés de laisser les places assises aux plus âgés et de s'accrocher debout à l'arrière de la camionnette. Je me croyais dans Indian Jones ou Tomb Rider ou encore dans en Terre Inconnue. La scène était digne d'un film d'aventures. Mais je vais vous faire un confidence, le paradis se trouve à Tzajala.
Avant j'avais peur d'y aller à cause des araignées. Quand je suis arrivé, j'ai eu une peur soudaine, je me suis dit qu'un jour je devrais repartir. Je suis arrivée dans un lieu à la une flore tropicale, avec un soleil radieux (je suis toute bronzée comme une indigène) une douce fraicheur des plantes gigantesques et une magnifique rivière à l'eau plus claire que la Cristalline. Des petites maisons toutes mignonnes éparpillées un peu partout. Des casitas de toutes les couleur. Certaines sont vides pour des visiteurs de passage et d'autres pleine d'amis et de famille. Vous connaissez le film La Plage avec Léonardo Di Caprio, c'est la même ambiance, la même idéologie. Le terrain appartient à Sylviane et Marzo, un couple franco-maya aux idées utopistes d'un monde meilleur dans le respect de chacun et de la nature. Tous nous appelons hermano ou hermana (frère ou sœur) car ne sommes-nous pas tous frères et sœurs en somme? Il n'y a pas de contrainte particulière là-bas, pas d'heure de travaille à effectuer. Chacun fait comme il le sent. Il y a toute sorte d'activités manuelles à faire: planter des fruits, des légumes, des plantes médicinales, repeindre les bâtiments, faire la cuisine, prendre des initiatives pour créer de nouvelles choses et ce ,toujours dans le respect de chacun et de la nature. J'ai proposé à Sylviane de lui apprendre la poterie et nous faire quelques revenus avec des pots. Mais je m'attarde à vous parler de tout ça alors que j'oublie les choses qui m'ont le plus touchée.
Notre arrivée à Tzajala n'aurait pas pu être plus marquante. Nous somme arrivé le jour du Temascal: un sauna traditionnel des indigènes. On commence d'abord par une danse traditionnelle faite par des indigènes Mayas qui étaient venus de Playa de Carmen près de Cacun. Un petit groupe de danseurs traditionnels venus eux même pour le Temascal jouant d'instruments traditionnels, avec des costumes à plumes très beaux, et des peintures corporelles sur tout le corps. Ils m'en ont même faite une belle sur le bras. Tout comme on en voit dans le film: faites vous une cession « Danse avec les loups » et « Little big man » ça vous donnera une idée. Dommage que tu ne m'aies pas donné cet enregistreur avant Philippe, car il y avait vraiment des choses intéressantes à entendre. Je n'ai pas voulu prendre de photos car ça me semblait déplacé. Et puis de toute façon j'avais oublié mon appareil à San Cristobal. Il y avait 5-6 danseurs: tous indigènes, tous magnifiques. Jamais je n'ai vu de gens aussi beau de ma vie. Un corps naturellement musclé sans avoir besoin de passer des heures en salle de gym. Un visage beau et une couleur de peau d'autant plus belle, avec des longs cheveux noirs. L'émerveillement n'aurait pas pu être plus grand lors que, en parlant avec eux et en leur posant mille questions sur le vie, leur culture..., j'ai découvert que l'un d'entre eux était en réalité le Prince légitime de la communauté Maya. Un certain Fido aux cheveux longs jusqu'au fesses. Du haut de son mètre quatre vingt, ces paroles devaient certainement être plus liquides de l'eau étant donné la facilité avec laquelle je les buvais, les yeux écarquillés, ébahis émerveillement. Il m'a parlé de sa culture, de ses croyances. Je lui ai dit que jamais je n'avais rencontré de Mayas avant, que je pensais qu'ils avaient tous été tués et que leur culture avait disparue. Je me suis sentie privilégiée et très honoré de pouvoir partager tant de choses avec lui. Il vient d'une famille traditionnelle Maya et parle un peu la langue des anciens: une encyclopédie cet homme! J'ai aussi parlé avec les autres danseurs. Tous sont gentils et souriants. Ils m'ont dit que je pouvais venir les voir à Playa de Carmen quand je voulais. Je pense que j'irai y faire un tour vers novembre, en apprendre un peu plus de ces gens au couleurs et au mœurs si différentes mais si belles. Nos amis indigènes sont resté 4 jours chez nous à Tzajala puis sont reparti. Leur départ m'a presque fait pleuré tellement j'avais l'impression qu'il me restait des choses à leur demander. Mais bon il y a facebook et peu importe ce qu'on en pense, pour moi c'est une merveille car ça nous permet de garder un vrai contact.
Sinon, les habitants permanents du terrain de Sylviane et Marzo à Tzajala sont principalement français. Certes ce n'est pas le meilleur moyen pour apprendre l'espagnol mais je trouve que je me débrouille déjà très bien. J'arrive à avoir des conversations avec un peu tout le monde, ça dépend des accents. J'ai encore du mal à utiliser certains temps du passé (même si j'y arrive bien mieux) et tout ce qui est subjonctif et phrases composées mais je me lance et comprend beaucoup de choses. Je n'ai plus peur d'aller vers les gens et leur faire la conversation en espagnol. Je pense que j'apprends beaucoup plus vite l'espagnol que je n'ai appris l'anglais. Enfin, du point de vue linguistique ça va plutôt bien.
Il y a quand même quelques mexicains de souche à Tzajala. Il y a Diego même s'il reste le plus dur à comprendre vu son accent bizarre. Sebastian donc je vous ai déjà parlé avec qui il est plus facile de communiquer puisque nous fleurtons un moment et en sommes à une relation un peu plus concrète au jour d'aujourd'hui. Je suis moi même la première surprise de cette situation à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Je tiens tout de même à dire chère maman, ne t'en fais pas, les maladies et l'amour c'est universel et l'humanité n'a pas dix mille moyen de se protéger: les mexicains ne sont pas dépourvus de technologie et avancées médicales. J'ai conscience du peu moyens qu'on les gens au Chiapas. Je sais qu'ici je n'ai pas le confort que j'ai en France alors: pas de bêtises!
Les moyens des gens, parlons-en d'ailleurs. C'est sur ce point que je continue d'être émue et choquée à chaque fois. Comme j'ai oublié mon appareil photo à Nataté cette semaine, je n'ai pas de photos de Tzajala encore. C'est aussi pour ça que je n'ai pas de photo de la abuelita de 80 ans (la grand-mère) et de sa petite fille de 9 ans qui travaillent toutes les deux à porter des gros sacs de leur poids pour avoir juste de quoi ne pas mourir de faim. Je les ai vu il a y deux jour, vendre un gros sac de composte naturel à Sylviane. J'aurais voulu les prendre en photo pour vous monter ce que je vois tous les jours: des vieillards et des enfants qui travaillent plus par jour qu'un adulte en France ou en Europe en une semaine. Elles marchaient pieds-nus toutes les deux avec des pieds tous sales. La grand-mère n'avait plus beaucoup de dents (comment fait-elle pour manger? Il n'y a pas de mixeur ou de produits électroménager à Tzajala) avec une longues natte blanche, un visage ridé mais toujours avec le sourire et un air gentil et bien veillant. Elle donne envie qu'on la prenne dans ses bras. La petite elle, est plus introvertie. Elle cache un sourire timide derrière ses mains sales et se planque en tirant la longue robe de sa grand mère. Est-ce qu'on peu s'habituer à la misère? Est-ce qu'on peut s'habituer à un travail pénible jusqu'à la mort? Est-ce qu'on peut même vivre avec cette idée, que jamais ça ne s'arrêtera? Sylviane dit que les indigènes sont très pauvres mais ils ont la richesse de l'âme. Le village de Tzajala aurait plus d'humanité que tout Paris? Pas étonnant! Quand on a rien il ne reste que l'amour. C'est même le mot d'ordre ici. L'amour! A chaque repas il y a la prière durant laquelle on remercie Terre-mère et le soleil de nous donner nourriture, eau, air mais surtout amour. « Sobre todo amor » c'est une des chansons de Sylviane. Marzo et Sylviane sont très religieux. Ils sont de religion Maya je crois. Vous connaissez le film Avatar? Et bien, ils sont d'une religion similaire aux N'avis. Souvent on fait des rassemblements autour d'un feu ou pendant le Temascal où chacun fait sa petite prière et remercie la vie, la nature, ses frères et ses sœurs. J'avoue que la première fois j'étais un peu intimidée: devoir parler espagnol devant tant de gens pour dire une prière, c'est pas trop ce que j'ai fait pendant ces 21 dernières années. Mais je m'habitue au rythme de la vie. Je sens que bien des choses changent. Je n'aime plus les même choses. Je vois le monde avec des yeux nouveaux, avec un regard un peu différent chaque jour.
Par exemple je n'ai jamais été aussi heureuse d'être française. Jamais été aussi heureuse d'avoir été à l'école, de savoir lire et de pouvoir vous écrire tout ça. Je suis contente de parler plusieurs langues. D'avoir la santé, un travail pas trop pénible. Je ne dis pas que notre système est le meilleur, loin de là. Car j'ai honte de mon pays, j'ai honte de mon gouvernement français, européen, mon gouvernement de riche qui a perdu toute humanité. J'ai honte qu'on ne fasse rien. Je n'ai pas honte d'être française car cela, je n'y peux rien. Et contrairement à ce que vous pouvez penser, mes ambitions militaires n'ont pas changé. Au contraire. Peut-être que pour beaucoup le monde militaire, tout ce qui se rattache au gouvernement est truffé de gens mauvais, dépourvus de sens commun, d'humanité et d'amour. Moi je n'ai pas l'impression de l'être. Je pense pouvoir dire que je sais à quoi ressemble la misère et la pauvreté même si elle n'est pas la plus extrême qui soit. Ici je n'ai d'autre choix que de faire face à la réalité du monde. Je ne peux pas changer de chaine et passer d'un documentaire sur la faim dans la monde sur arte, à des guignols qui se crêpent le chignon et passent en string sur tf1. Maintenant je peux dire que je sais, que j'ai vu et que je connais la misère au moins du Chiapas. Le monde militaire est peut-être un monde d'inconscients qui ne connaissent rien à la réalité du monde. Une bande d'aveugles qui exécutent sans penser et sans voir ni savoir. Mais dans le monde des aveugles, les borgnes ne sont-ils pas rois? Alors je suis reine, non, impératrice des emmerdeuses! Celle qui défendra toujours les plus affamés, les plus miséreux et les mal aimés. Ceux que le monde a oublié. Et j'accomplirai cette tâche par la voie militaire mais aussi par d'autres voies.
En parlant d'emmerdeuses, j'ai aussi réussi à faire comprendre à Marzo que les féministes ne le sont pas toutes. Étrange comment cet homme si pausé, intelligent et sensible aux autres peut avoir une telle pensée des féministes. Je lui ai prouvé par la force des choses qu'on peut être féministe , féminine et aimer les hommes. Au moins, je ne suis pas la seule à apprendre des autres, les autres apprennent de moi et ça fait plaisir.
Je pense vous avoir tout dit pour cette première semaine si ce n'est que je vais devoir aller au Guatemala d'ici la fin du mois d'octobre car j'ai écrit sur le document de l'immigration que je rentrerai au bercail le 4 novembre. Je vais donc me poser une petite semaine au Guatemala faire du tourisme intensif, m'acheter des choses belles mais inutiles pour revenir sur le territoire Mexicain et remplir le document en disant que je resterai 6 mois. Ainsi, dans 6 mois, je referai la même chose.
Sur ce je vous laisse chers amis et chère famille, laissant libre court à vos commentaires qui sont toujours un réel plaisir à lire. A chaque fois je me sens prise d'euphorie en vous lisant. Je suis heureuse que mes articles soit un plaisir à lire. Ils sont toujours écrit avec le cœur et plein de sincérité.
Pour m'envoyer courrier, lettres, carte postales ou colis, j'ai deux adresses:

Cooperative Cotzalsech
Centre Ha O Mek Ka
Tzajalà, Chiapas
Mexique

ou alors à Nataté:

Calle Diego de Mazariegos # 90
Barrio de la Marced
San Cristobal de las Casas, Chiapas
Mexique

J'ai lu quelque chose comme 15 fois mon article pour m'assurer qu'il y avait le moins de fautes possibles. J'imagine qu'il en reste. Soyez indulgents. J'ai tellement à dire que tout ne peut pas être écrit ici sur ce blog. Et les émotions sont telles que je me perds parfois dans mes récits.

7 commentaires:

  1. They way you describe your experiences is so beautiful, I wish I could see what you are seeing! At least there are pictures...take some whenever you have the chance!

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  2. Oléééééééééééééééééé...c'est un bonheur de te lire et je deviens accro à ta littérature. Même dans mes rêves les plus fous je n'imaginais pas qui tu viverais tout ça aussi intensément, sincèrement, politiquement, philosophiquement, socialement..ment...ment.
    Bravo;maintenant je suis totalement convaincu de la justesse de tes choix....et je m'en sens très proche.
    Pour l'enregistreur je suis content que en ai le désir; Alors comment on fait? Va repèrer le chronopost le plus proche...
    Comme tu dis le plus dur ce sera de revenir; il, faudra te desintoxiquer du bonheur. Je vais chercher une ile perdue dans l'océan. un petit caillou.
    Bisous

    El padre

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  3. T'es sûre que ce n'est pas une secte ? En attendant ça me rassure que tu "régularises" ta situation là-bas. Tu pourrais peut-être entrer en contact avec l'ambassade de France à Mexico, juste pour leur dire que tu es à Tzajala et ce que tu y fais...

    En cas d'emmerdes, ça peut toujours servir. En attendant, éclate-toi, et profite mais fais bien attention à toi... Et continue à nous raconter de belles histoires !

    Des baisers doux. A+++

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  4. Coucou ma petite pétronille ! Je pense toujours fort à toi ça fait vide maintenant à la catho. Tout ce que tu écris c'est waou ça doit être tellement depaysant et interessant !! profite bien ma puce je te lis tout le temps même si je ne fais pas souvent de commentaires :)

    Ici en tout cas toujours pareil, les cours, les amis, les profs, le 5ème étage, la photocopieuse, les rots mythiques de Juju !! :D On ne voit plus bcp le Knarf il travaille la plupart du temps. ça manque vachement quand tu gueules plus après les profs tu sais :p

    Voilà prends le maximum de souvenirs en toi et en photo et reviens avec une tête énorme et remplie de belles choses à nous raconter :)
    On t'embrasse tous bien fort !!

    Lulu :) (Lucile)

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  5. J'ai hâte que tu nous montres des photos quand ça sera approprié et que tu auras pas oublié ton appareil photo :p.
    Continue comme ça.

    Un lecteur Fidèle,
    Bisoux,
    Rémi

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  6. u connais la vériatble rectte de la tortilla? donnée par une vieille amie catalane,résistante républicaine morte depuis... Tu mets de l'huile dans la poele jusqu'a temps que tu sois écoeurée...et tu en rajoutes encore le double! et après,tu y mets les oignons,les patates,ce que tu veux,et quand c'est doré,tu rajoutes les jaunes avec le sel,puis les blancs battus en neige! et puis tu cuis ça comme une galette d'un côté,puis tu retournes comme une crêpe,et tu cuis l'autre côté, et voilà! bisous,Anne

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  7. Les tortillas mexicaines n'ont rien à voir avec les tortillas espagnoles. Les tortillas mexicaines sont des galettes toutes simple faites avec du maïs bouilli puis mouliné tout petit pour faire une pâte, écrasé en forme de galette et cuite sur le feu sans rien d'autre.

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