13 janvier, 2011

Mexicana o no mexicana? No sé!

Désolée tout d'abord pour le désordre de mes articles qui récemment ne sont pas sortis de façon très ponctuelle. C'est vrai qu'entre Playa del Carmen ou je n'avais pas accès à internet chez Daniel et Calkini où il me fallait aller à la maison des grands-parents de Fido pour me connecter, je n'ai pas eu l'opportunité de poster mes articles. Cela ne veut pas dire que j'ai continué malgré tout d'écrire chaque semaine pour vous faire part de mes aventures (en tout genre...) même s'il m'était difficile de les poster. Je commence celui-ci à San Cristobal de las Casas le mercredi 12 janvier.

Enfin j'ai pris ma décision. Je dis enfin, mais elle a été prise il y a un moment. Je vous ai plusieurs fois parler de mon Prince Maya, le Fido, le bel amérindien aux cheveux longs de un mètre, aux peintures corporelles et aux plumes impressionnantes. Oui celui là vous le connaissez. J'ai parlé de lui mille et une fois jusqu'à vous en souler! Et bien, chers famille, amis, amis de la famille, amis d'amis et famille d'amis, je n'en ferai rien de ce Prince Maya. Je ne dis pas ça avec arrogance et dédain, il m'est juste arrivé de croiser la route de Daniel, de tomber en quelque sorte amoureuse de lui et de ressentir des choses plus plus fortes et vives qu'avec Fido.
Je pars donc samedi à Playa del Carmen rejoindre mon Dani. Je pars aux alentours de midi de San Cristobal pour arriver dans la matinée très tôt à Playa. J'aurai la chance de pouvoir réveiller mon futur homme avec toute la tendresse et la gentillesse du monde. Il me semble le mériter. Laissez-vous vous expliquer pourquoi.
Je l'ai quitté à Playa non sans boule oppressante dans la gorge comme dans l'estomac et non sans me mordre les joues pour ne pas pleurer. J'avais un mauvais pré sentiment. Comme s'il n'allait pas m'attendre, qu'il allait changer d'avis pendant que je suis partie. Surtout que j'allais retrouver Fido que je n'avais aucunement envie de voir. Je ne sais pas pourquoi, dans ma tête, comme je n'allais pas voir Daniel avant un moment, la dernière personne à qui je devais dire au revoir ce ne devait certainement pas être Fido mais Daniel. Je quittais aussi mes amis de Nataté qui eux restaient à Playa une petite semaine de plus. Ces mêmes amis qui quelques jours, pétards et bières plus tard ont été les témoins des confessions de Daniel citant que je lui manquait énormément, que depuis Tzajala lors qu'il m'avait vu son cœur avait bondit. Il a également dit qu'il avait de la chance d'être tombé sur une fille comme moi que j'étais « une mine d'or ». J'ai déjà été plus malheureuse je reconnais et je ne vais pas m'en plaindre au contraire.
Mais je garde quand même la tête sur les épaules. L'amour ça vous fait croire toutes sortes de choses. C'est un peu comme prendre des drogues hallucinogènes on sait jamais trop ce qu'on voit et ce qu'on sens et je sais de quoi je parle. Ce n'est qu'une fois la drogue dissipée qu'on se rend compte de la réalité des choses. Je vais vivre chez lui quelques semaines le temps de me trouver un travail et un appartement. Mais aussi le temps que mes papiers pour obtenir un visa de travail arrivent jusqu'à chez moi. Tu comprends maintenant l'urgence de ces papiers Agnès. Il y a intérêt à ce que tout se passe bien avec Daniel. Je garde ça en tête sans trop m'inquiéter non plus. Je ne veux pas m'attirer des ennuis.

Depuis que je suis rentré de Playa, j'ai plus ou moins repris le travail à Marie Stoppes. Enfin, lundi, j'étais malade à cause du voyage et impossible de m'éloigner à plus de 20 mètre des toilettes. Mardi je suis allé dans la rue avec Vanessa faire un sondage auprès des gens car l'organisme de Marie Stoppes s'en va dans une autre ville. Les gens de San Cristobal n'auront plus de planning familial. Donc la docteure du service elle, a décidé de rester et de faire son propre organisme indépendant. Pour ça on a besoin de savoir ce que veulent et ce qu'attendent les habitant de S.C du nouveau centre. Nous devons chercher Vanessa et moi un logo et un nom pour le nouvel organisme. Il aurait pu s'appeler Las Casa de las Mujeres (pas besoin de savoir d'où est sorti l'idée) mais ils ont jugé que ça ne sonnait pas assez médical alors il portera un autre nom que nous n'avons pas encore trouvé. Pendant le sondage nous sommes allé voir toute sorte de personne: hommes, femmes, vieux, jeunes, indigènes, mexicains... Bizarrement les femmes ont toutes accepté de répondre au questionnaire. Les hommes plus timides ont beaucoup refusés. Les indigènes aussi. Une seule a accepté. Elle vendait dans la rue des gobelets remplis de morceaux de fruits comme ils en vendent souvent au Mexique. Quand on lui a demandé si elle voulait bien répondre au questionnaire elle nous a dit qu'elle ne savait pas lire. Je lui ai alors proposé de lui lire les questions et décrire ses réponses. Elle a accepté. C'était étrange comme situation. J'ai été vraiment marqué. J'ai toujours été fasciné par les gens qui ne savent pas lire. Je les regarde chaque fois en me demandant mais comment font-ils pour vivre? Comment peut-on penser, structurer sa pensée, comprendre le monde qui nous entoure si on ne sait pas lire? Je ne me pause pas seulement la question de comment aurait été ma vie si je ne savais pas lire, mais comment je penserai dans ma tête? A quoi ressembleraient mes pensées? On ne se rend pas forcement compte à quel point les lettres et l'alphabet sont le squelette de la pensée. Travailler avec des gens qui ne savent pas lire et/ou écrire me passionnerait énormément je pense. A retenir! Je pense qu'être analphabète c'est un peu comme vivre dans un pays dont on ne connait pas la langue. On est isolé. On est seul et on doit avoir une mémoire à toute épreuve pour se rappeler des choses, des détails que les gens lettrés se rappellent par l'écriture comme les gens d'un pays se rappellent des mœurs et des manières par habitude. Les analphabètes doivent être de perpétuels observateurs des autres, doivent se souvenir des formes et des couleurs, des détails sans importance pour arriver à égalité des lettrés.

Je réalise en écrivant ces mots et en pensant ainsi que je me suis habitué à ce confort qu'est le savoir et la connaissance. Je ne dis pas tout savoir, mais bien que le monde qui m'entoure me semble d'un illogisme effroyable, je le comprend et m'adapte à nombreuses situations. Certes l'adaptation réveille souvent en moi colère et indignation, j'ai tout de même le luxe de pouvoir renter dans le moule (non sans effort). Mais je déteste tellement ça que je ne le fais presque jamais. Je comprend ici au Mexique que les choses qui m'ont été enseignées ne l'ont pas forcément été à tous. Je ne tiens pas monter ici le manque d'égalité de ce monde. Mais je serais curieuse de voir à quoi ressemblerait le monde si chaque citoyen qui le peuple savait lire. Comment une personne peut-elle changer la face de la Terre en sachant lire? Et comment la face du monde pourrait-elle changer si ce n'était pas une mais 20 000 personnes qui apprenaient à lire? La meilleur révolution que le monde n'a jamais vu. Et si on enseignait tous à lire à ceux qui ne savent pas? Une campagne de force pour apprendre à lire, apprendre la liberté, apprendre l'égalité. C'est ce que je veux faire. En France, je n'ai jamais été brillante à l'école. Je me suis souvent sentie stupide, ignorante incapable. Ici je réalise que non. Ici j'ai le pouvoir. Je sais! Et je ne sens pas ce pouvoir de par le fait que je sache. Mais parce que je peux le partager avec les autres, ceux qui ne savent pas ou très peu. J'ai le pouvoir parce que je sais et que je peux enseigner. Lors que j'apprends aux jeunes d'ici par exemple, les maladies, la grossesse, le choix, le pouvoir de choisir, le droit de dire non, le droit de refuser. C'est à petite échelle, un échantillon de savoir, de partage, ça servira à certains mais dans la grande majorité ils oublieront ce qu'il s'est dit en classe. Je suis prise d'un sentiment depuis cette expérience à Marie Stoppes qui me pousse à croire que j'ai la capacité à partager ce savoir avec les autres. Peut-être qu'avec moi ils ne l'oublieront pas. Je mets ce sentiment sur le compte de mon arrogance naturelle que tous les jeunes de 20 ans connaissent et qui passe avec le temps. Ou bien sur mon envie ou plutôt ma vocation à vouloir changer les choses. Les filles qui donnent les conférences ne savent pas attirer l'attention du public. Elles ont conscience du problème qui existe, mais elles ne se donnent pas elles-mêmes à la cause. Elles ne parlent qu'avec leur bouche. Elles n'écoutent pas, ne sentent pas comment elle doivent parler, ce qu'elles doivent dire. Elles ne font que passer un message sans vraiment savoir s'il passera vraiment ou non. Elles ne s'acharnent pas à ce que ça rentre. Je n'ai encore jamais fait de conférences moi même, mais je sais déjà que si j'étais amenée à en faire une, je donnerai du cœur à l'ouvrage et m'acharnerai devant les élèves, qu'ils comprennent la gravité et le sérieux de ce qui se discute. Quitte à leur faire peur et à les impressionner, je donnerais ce qu'il faut.

Il y a quelques jours, j'ai noté dans mon carnet une chose que je voulais vous raconter. Je voulais vous dire que je pensais avoir compris pourquoi j'avais cette nécessité, ce besoin de voyager et d'apprendre ailleurs. C'était en réalité une façon à moi de reconstruire ma vie chaque fois que celle-ce ne me plait plus. Je pars dans un autre pays pour parler une autre langue, vivre autrement, faire un nouveau travail et être une autre personne. Une mutation de l'esprit et de la personnalité. J'ai pensé pour le moment c'est facile, j'ai 21 ans et une belle frimousse. Comment ça sera quand j'aurai 50 ans? Qui voudra de moi pour commencer un nouveau travail? J'imagine que ça doit être plus difficile de recommencer sa vie dans un autre pays quand on a 50 ans, le ventre d'une ménopausée, plus de passé que d'avenir dans le monde du travail. Alors pourvu que je vieillisse pas trop vite. Je pense avoir déjà la chance d'en être consciente. Je profite donc de ma jeunesse observant mère et grand-mère et ne pouvant espérer mieux que d'être comme elles à leur âge.
Voilà, ça c'était une chose que je voulais vous raconter, mais tout d'un coup, tout change. Je ne ressens plus ça. Je sais maintenant pourquoi je voyage. Et ça n'est rien d'aussi lâche que de vouloir changer de vie dès qu'on en a marre de l'ancienne. J'ai appris une chose importante ici au Mexique. J'ai appris que je savais beaucoup de choses. J'ai appris que je pouvais les enseigner ces choses. Que j'en avais le pouvoir. Je reprends soudain confiance en moi, un peu plus chaque jour à réaliser que je sais. JE SAIS! Bien sûr je ne sais pas tout. Mais ce que je sais, je souhaite le partager aux autres. Quand j'étais petite, je voulais être présidente des États-Unis car le président des États-Unis était pour moi la personne la plus influente de la planète. Je voulais ce poste je me souviens le dire à ma tante pour pouvoir éradiquer les inégalités et la misère des gens. Je n'ai peut-être pas utilisé le mot éradiquer mais l'idée était là. Elle ma dit, je me souviens parfaitement: « Essaie d'abord d'être présidente de ton pays et on verra après. » Avant, je pensais que seule j'arriverai à changer la misère, l'inégalité, la guerre, la faim et tous les fléaux du monde. Puis j'ai assez vite compris que j'étais pas la seule à avoir ce projet. Alors pourquoi en étant si nombreux sur une même idée on avance toujours pas? C'est toujours pareil. C'est pas un groupe de hippy de philosophes et de braves gens qui vont transformer la société. C'est le peuple ensemble et dans son intégralité. On peut descendre un groupes de militants quand on a l'argent et donc le pouvoir. Mais la population d'une planète entière ça se contrôle pas comme ça. Alors imaginez-vous une foule qui sait? L'humanité dans sa totalité qui sait lire et écrire et qui connait ses droits. Je ne dis pas ici que je suis un génie qui a trouvé remède aux malheurs de l'humanité. Je pense juste que je viens de trouver ma voie. Je veux enseigner.

Que de révélations ces derniers jours. Je suis épuisée! Alors que je prépare mon départ, je parcours les rues de San Cristobal en me disant que c'est la dernières fois que je passe dans ces rues. Je me rappelle alors de mes premiers jours ici dans cette ville. Et soudain, je ne peux m'empêcher de me rappeler de film l'Auberge Espagnol lors que le protagoniste parle de son arrivée à Barcelone. Au début, les rues sont vides de sens. Elles sont un endroit nouveau et inconnu. Quand je pense aux rues de San Cristobal à mon arrivée, à cette soirée sous les effets de je ne sais quelle(s) drogue(s) (LSD pense Daniel vu les effets), à toutes les fois où je me suis perdue, aux mots que j'ai appris petit à petit en allant sur le marcher acheter mes « chayotes » mes « jitomates » ma « ceboya »... je me dis que cette ville n'a rien à voir avec San Cristobal. C'est une autre ville. Mes yeux ne voient plus les rues comme avant. Elles n'ont plus les même couleurs ni les mêmes ambiances. Elles ne sont plus aux mêmes endroits. Les rues ont bougé petit à petit quand j'apprenais leur disposition, leur organisation et leur noms. Maintenant j'appartiens à cette ville puisque ses rues sont à moi. J'en fait partie. Et puis je m'en vais. Refaire tout ça dans une autre ville, mais moins perdue cette fois, accompagnée d'un bon compagnon. Ce sera une première pour moi. D'habitude j'aime ce sentiment de nouveauté, de perdition dans une ville nouvelle d'un pays nouveau où tout est à apprendre. Là ce sera différent. Je ne serai pas seule. Et puis il m'est arrivé quelque chose de bizarre à Calkini. Dans la rue de cette ville nouvelle que je ne connaissais pas, en voyant un groupe de jeunes mexicaines traverser la rue je ne me suis plus sentie étrangère à elles. Je me suis habituée à leur couleur, leur visages, leur vêtements, leur langue, leur culture, leur architecture, leur façon de penser. Je ne me suis pas sentie différente d'elles. Je faisais partie d'elles. Si j'ai pu me sentir faire partie d'une ville que je ne connais pas, cela voudrait-il dire que je commence à être mexicaine moi même? Je sens que je fais déjà partie de ce pays. Mais je suis toujours blanche, je parle toujours le français et me sens française. Mais aussi américaine et là...mexicaine. Mexicaine ou pas mexicaine? Je sais pas. Faut voir. Laissez moi le temps. Mais si moi en si peu de temps (3 mois) je peux ressentir une chose pareille alors que ressentent les immigrés qui travaillent et vivent depuis 40 ans en France et qui ne sont toujours pas nationalisés? Hum....il me semble qu'un courrier urgent s'impose à M. le Président de la République ainsi qu'à son ministre de l'immigration. Il faut absolument leur donner la nationalité française puisque je suis moi même mexicaine en trois petits mois! Chers lecteurs, à vos plumes! Il faut en faire part au gouvernement qu'on peut être français en quelques mois. Des vies sont brisées à cause de cette information manquante. Je serai brisée si on me demandait d'abandonner le Mexique. Non maintenant ici c'est chez moi!

Je reviens à Fido, oui je sais je parle encore de lui. Mais je pense avoir fait l'impasse sur ce qu'il m'a dit depuis que je suis rentré à San Cris. Il m'a supprimé de ses amis facebook tout d'abord mais ça vous le savez déjà. On s'est ensuite envoyé quelques mails. Moi surtout pour savoir quelle était la raison de cette suppression. Il m'avait déjà supprimé une fois lors que je lui avais annoncé que je sortais avec mon infirmier Isauro en expliquant après que c'était facebook qui buggait et qu'il lui faisait ça de temps en temps: supprimer des amis de son compte. Je ne sais pas s'il me disait la vérité ou non. En tout cas pour cette fois il m'a expliqué qu'il ne voulait plus jamais entendre parler de moi, qu'il ne servait à rien de parler d'amour avec moi et que c'était mieux ainsi. J'ai été bien attristée sur le moment. J'ai découvert ensuite que j'avais fait le bon choix. Je ne veux pas d'un homme lunatique et colérique, j'ai déjà donné là dedans. Plus jamais ça, merci.

Je termine cet article plus tôt que prévu. J'ai envie d'avoir de vos nouvelles et vos commentaires avant de partir pour Playa. Je veux que vous sachiez que vos commentaires et vos mails me sont très utiles, pas seulement pour ce blog mais aussi pour ne pas oublier d'où je viens. Je me sens de plus en plus partie de ce pays. Alors dites moi comment c'est la France. Rappelez-moi les moments qu'on a passé ensemble, le temps qu'il fait, l'ambiance. Que je n'oublie pas tout ça. Quand on est loin de chez soit, on oublie vite comment s'était. En rentrant des États-Unis après un an d'absence, je pensais toujours être française. Mais en réalité j'étais une américaine parmi les français. Alors cette fois ne me laissez pas oublier. Je sais qu'à chaque fois que je vous demande alors quoi de neuf en France? Tous me repondez ben rien de bien nouveau, la routine quoi. Oui mais c'est quoi votre routine déjà??!
Merci à ceux qui m'écrivent. Ceux qui ne peuvent pas poster de commentaires car mon blog a des soucis, envoyez-les moi par mails. Et n'hésitez pas à m'écrire des romans sur vos vie. Ça fait du bien de vous lire.
A la prochaine pour de nouvelles aventures.... à Playa del Carmen

Ici quelques photos de ma maison de Nataté que je quitte...normalement on les met quand on vient d'arriver. Moi je les poste quand je m'en vais.
Ma chambre



La cuisine
La salle des ordinateurs
Un autre coins de la cuisine
La salle de bain
Encore la salle de bain

Une autre vue de la salle des ordinateurs

Re ma chambre
Encore la cuisine
Ma chambre
La cuisne
Mon bordel
Le couloir

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