18 décembre, 2010

La faim: le génocide permis

Une semaine s'est écoulée, encore. On croirait que le temps passe à une vitesse phénoménale. J'ai l'impression qu'il y a pas deux jours j'étais encore assise sur le bureau, que je peux désormais appeler mon bureau dû au nombre d'heures que je passe assis dessus à vous conter mes exploits, à vous raconter ma petite vie. Je tiens d'abord à vous écrire que je souffre beaucoup de cette soudaine absence de commentaires. Ils font les critiques de mes écrits (ce qui est très utile) mais aussi mes guides dans cette expérience folle mais si enrichissante. On perd facilement le nord en étant si loin de chez soi, de ses valeurs et de sa famille et ses amis. Alors j'en appel à mes amis, à ma famille, aux amis des amis, à ceux qui suivent de loin ou de près cette aventure, aux anonymes, à ceux qui ne le sont pas (anonyme) mais qui veulent le paraître, vos commentaires, vos avis sont les bienvenus. Ils sont en réalité plus que simplement bienvenus mais vitales. Ils font en parti mon inspiration. Ils sont comme un miroir, ce qui me met en confrontation entre les réalités malheureusement si distinctes de ce même monde. Même pas trois mois que je suis partie et c'est comme si je n'avais jamais vécu en France. Quand je pense à mes adieux à ma famille à l'aéroport, j'ai l'impression que c'était il y a une éternité. Dans une autre vie peut-être. J'ai peur de perdre le nord. Je l'ai déjà un peu perdu. Je suis déconnectée de la réalité française. Les choses que vois maintenant me semblent normales, banales. Comme si je n'avais connu que ça. Les enfants travaillent dans la rue. Les femmes travaillent dur au marché avec leur petit au sein. Les enfants ne vont pas à l'école car ils faut qu'ils travaillent pour nourrir leur famille. Ces choses qui choquent les blancs ne me choquent plus. Elles font partie de la réalité mondiale. La réalité que les plus riches ne semblent pas voir ou ne pas vouloir voir. La réalité qui est majoritaire. Est-ce normal que petit à petit je ne sois plus choquée? Est-ce cette adaptation qui fait la grandeur de l'humanité mais qui fait aussi sa monstruosité à ne plus voir du même œil la misère, même la plus inhumaine? Pourtant je continue de m'insurger comme par réflexe contre cette indifférence locale et mondiale. Un réflexe peut-être par peur de tomber là-dedans. Pas peur de tomber dans cette partie du monde qui a décidé que ce serait normal d'avoir faim ou froid, de trimer au travail, de n'avoir plus de respect pour soi-même à condition d'en tirer quelques pièces.
Alors à tous mes lecteurs, je demande plus de commentaires, d'avis, d'opinions et de point de vue quant à mes articles. Je ne cherche pas seulement des critiques littéraires mais un avis humain qui ne voit pas les mêmes choses que moi en même temps que moi. Le misère semble être comme la varicelle. Elle nous atteint une fois et puis finalement on s'y habitue pour en plus jamais être atteint. J'ai moi même été atteinte et j'en guéris petit à petit. Je garde cependant quelques bonnes cicatrices qui ont l'air de me dire de ne pas oublier. Alors avant que j'oublie, rappelez-moi un peu, ce que c'est que de vivre dans un pays comme la France, où la pauvreté la plus extrême qu'on connaisse c'est celle des SDF dans le métro, ceux qu'on ignore complètement. Au fond, peut-être que chez nous aussi on a la varicelle.
Vous aurez compris mon messages j'espère. A vos commentaires! C'est une question de santé mentale.

J'annonce de manière officiell que je ne suis plus heureuse à San Cristobal de las Casas. Je ne supporte plus la maison de Nataté, je ne supporte plus cette mentalité colonialiste des européens qui vivent à San Cris. Je ne supporte plus cette vie. Je veux m'en aller. Je pars pour la péninsule du Yucatán dans quelques jours avec l'espoir que ma visite chez mon Prince Maya sera salvatrice. Je ne suis pas non plus heureuse avec mon petit ami du moment. Mon infirmier Isauro a beau être un ange, je ne suis pas amoureuse et pas heureuse. Je me sens mal à l'idée de rester avec lui qui à tout à m'offrir alors que je n'ai rien à lui donner. Juste mon affection la plus sincère pendant quelques semaines. Je pense rompre d'ici quelques jours. Avant de partir à Playa del Carmen. Non ça n'a rien à voir avec le fait que je vais également retrouver mon Prince pendant ce petit voyage de Noël. Je pense que je serai attristée de la séparation et qu'il vaut mieux que je me change les idées en partant avec mes amis plutôt que je déprime chez moi à me dire qu'il n'est à quelques rues, à l'hôpital.
J'ai fêté hier avec lui la Posada: une fête qui se célèbre avant Noël, histoire de se faire des cadeaux avant Noël, de bien mangé et éventuellement de se faire sac à vin (du moins sac à Tequila) le temps d'une soirée, comme une préparation avant Noël. J'ai offert à mon homme une peluche. Et oui, niveau cadeaux, je sous souvent à court d'inspiration. Moi comme cadeau de sa part j'ai eu droit à … une peluche aussi! On avait l'air fins tous les deux avec nos gros nounours. J'ai aussi eu droit à du chocolat. Oui très traditionnel ce bonhomme. J'ai aussi eu la chance de m'être offerte par ce dernier avant la Posada à deux poissons rouges, du moins un rouge et un noir. Le noir s'appelle Isauro et le rouge vous l'aurez devinez s'appelle Pétronille. Enfin, Pétronille n'aura pas fait long feu. Prise de je ne sais quel mal qui l'a fait nager façon unilatérale, elle a été découverte morte au petit matin après avoir passé deux nuits et une journée dans ma chambre. Je lui aurais bien dit que je préférais encore les chiens ou les chats si ça n'avait pas été sous la crainte de me retrouver en possession d'une petite boule de poile pour Noël.
Si Isauro vit jusqu'à mon départ (Isauro le poisson) je pense que je le remettrai à son expéditeur porteur du même nom. Comme cadeau d'adieu c'est pas trop ridicule non? En même temps j'ai pas le choix. Je me vois mal faire 18 heures de car avec un poisson rouge dans un sachet en plastique. Mais je garderai le nounours.

On en arrive à la fin de cet article. La petitesse des derniers mis en ligne peuvent témoigner de ma tristesse et de mon manque d'épanouissement. Il faut que je parte c'est sûr. Je tiens aussi à dire dans ces dernières lignes que mes amies me manquent ainsi que ma famille. Je pense tous les jours à mes frères, à mes parents et grands-parents. Bizarre, moi qui suis pas du genre sentimentale avec eux d'habitude. Je pense aussi régulièrement à mes oncles, tantes, cousins et cousines. La famille entière en fait. Je suis heureuse de faire partie de cette tribu qui a fait toutes mes valeurs et m'ont donné mon savoir.
Je voudrais dire à mes amies les plus proches, qu'elles me manquent et que je suis heureuse de les avoir dans ma vie. Que malgré leur coup de blues, leur quelques « kilos en trop » pour certaines et leur cellulite, elles ont toutes une beauté et une grandeur à elles. Elles font ma joie chaque fois que je peux passer un peu temps avec elle pour rire, pleurer ou manger des sushis.

Bonne semaine à tous.
Et surtout, à vos claviers! Il me faut le fond de votre pensée.

9 commentaires:

  1. Il est 2h du mat et je t'aime d'amour, c'est tout ce que je peux te dire à cet instant...

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  2. Je ne sais pas pourquoi c'est Léo qui parle parce que c'est ta mère qui écrit, mais ton frère dirait sans doute la même chose, ma chérie, Je t'aime d'amour !!! Agnès !!!!!

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  3. Pétronille,

    Cet anonyme, c'est Jean Noel!!! Je ne te connais pas... si ce n'est á travers FB, et Agnès F., ta maman et une de mes plus anciennes et plus vraies amies.

    Je viens de lire ton post, comme j'en ai déjà lu quelaues autres, sans laisser de commentaires, et je voulais te dire que ce que tu exprimes, triste ou gai, ingénu ou blasé, résigné ou révolté, est vraiment beau, car vraiment vrai.

    Tu écris comme tu sens et c'est fantastique. Ne perds jamais cette capacité, même si ce n'est pas facile, même si c'est parfois douloureux de coucher sur le clavier ce que tu y mets...

    Moi qui suis parti au Brésil il y a 31 ans pour y rester trois mois, et qui ai fini par y rester 12 ans, je comprends complètement ce que tu dis à propos de ton aventure au Mexique: l'étonnement devant la vie si différente des gens qui t'entourent, le temps qui file à une vitesse folle, loin de chez soi et des ses repères habituels, l'affection pour les amis et la famille qu'on ne voit plus comme dans la routine d'avant, l'éloignement de son pays et le fossé que cela creuse...

    Et puis aussi, aprés des phases d'indignation, cette sorte d'acceptation de l'inacceptable qu'on fint par croire normal et naturel... Mais qu'est-ce que ça veut dire en fait??? Sans doute pas grand'chose, car la révolte peut revenir, aprés des semaines, des mois ou des années d'apparente acceptation indifférente...

    Indépendamment de ce qui nous entoure et de ce que l'on vit, on reste soi-même, même si on se perd de vue pendant un moment... 12 ans aprés mon arrivée au Brésil, j'en ai eu subitement marre de tout ce dont je croyais que ça me laissait indifférent: la misère, le désespoir des gens, les inégalités criantes, tout ça...

    Et je suis rentré en France, fatigué, lassé, ecoeuré, scandalisé, mais différent, plus ouvert, plus intelligent (!!!), plus sûr de moi et des choses aussi...

    Quant aux poissons (rouge et noir) et aux nounours, je ne dirais rien, car ça t'es trop personnel. C'est aussi ton histoire, mais une histoire seulement á toi... Alors vis la comme tu dois le faire, en accord avec toi-même. Period.

    A bientôt, reste toi-même et sache que la vie est belle, parce que c'est la vie, et surtout ta vie.

    Jean No

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  4. Ma pépette, chaque fois j'essaie de laisser un commentaire sur ton blog ms je n'y comprends rien c'est une tannée!
    Ne crois pas que je ne te lis pas bien au contraire, mais ce que j'ai à te dire de toute façon est trop perso pour le mettre sur ton blog! Je vais t'envoyer un mail. 1000 bisous, Loulou

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  5. Salut Pétronille !
    Je n'ai pas la chance de te connaître mais étant un ami de ta mère et suivant tes aventures depuis plusieurs semaines, je voudrais te témoigner, simplement et sincèrement, mon affection et mon admiration pour ce que tu es en train de faire.

    En effet, par ce périple, tu as le courage et l'intelligence d'aller à la recherche de quelque chose dont tu n'as sûrement pas encore conscience...
    Quel plus beau et périlleux voyage que celui qui nous amène face à soi-même...

    Moi aussi, j'ai déjà connu ce sentiment de déracinement, de perte de repères et de solitude losqu'on se retrouve loin de son pays, des gens qu'on aime, et de soi croit-on... Mais en réalité, je pense que c'est dans ces moments-là que nous sommes souvent au plus près de soi, au plus vrai de soi... même si ça fait bizarre, si ça fait peur...

    Prendre conscience de ce qu'on est vraiment, de ce qui nous semble important, de ce qui nous révolte, de ce qui nous unit n'est pas simple...

    Pétronille, n'aies pas peur des sentiments que tu peux ressentir actuellement car ils te permettent de te connaître toi-même et de te construire...

    Et comme le chante le grand poète et grand voyageur, Bernard Lavilliers (dit Bernardo dans le spanish Harlem ou dans le Nordeste Brésilien) : ON THE ROAD AGAIN !!! :0)

    Grosses Bises Pétronille et continue de nous envoyer tes missives du bout du monde qui nous permettent de rêver mais aussi de réfléchir... ;0)

    David de Montreuil.

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  6. Ma blonde chérie,

    J'avais fait un commentaire long comme mon bras, avec plein de jolies choses agréables à entendre, un genre de truffes au chocolat virtuelles, pour te permettre d'aborder cette prochaine années avec sérénité et confiance et pouf ! J'ai dû réinitialiser mon compte et tout est parti... Donc bouboules un p'tit peu !

    Tu manques à mon quotidien, surtout quand je te lis. La réponse à tes questions, c'est l'engagement et la création. Milite et écris et la vie te paraitra valoir le coup de manière bien plus intense.Ca n'empêchera pas les coups de mou, quand Noyeux Joël arrive et que ton cercle d'amour n'est pas autour de toi, mais ça te permettra de croire encore un peu, jusque fin février au moins, au sens vertueux de certaines ONG

    Je t'aime fort, ma douce et je t'embrasse du même métal. Tu es une belle personne. Madre
    Je t'aime

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  7. http://www.youtube.com/watch?v=CVxBR6yPUhQ&feature=related

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  8. Hello Pétro,

    Je lis attentivement tes aventures, je découvre le Mexique, le vrai. J'observe ta capacité à juste nous montrer ce que tu vis et ce que tu vois autour de toi. J'admire cette faculté que tu possèdes d'exprimer tes émotions dans les plus et dans les moins. Alors, tout va bien, tu es vivante, bravo, dans un monde aseptisé, mercantile.

    Quand je te t'écris : "tout va bien, tu es vivante", cela ne signifie nullement que ce soit facile, bien au contraire. Mais si on ne fais de sa vie cette expérience intrinsèque, alors quel sens aurait-elle. On peut toujours tomber dans la tentation de l'indifférence, du nombrilisme et au final, çà apporte quoi, à soi et aux autres ? Pas grand chose. Toi, tu t'interroges, tu cherches.

    Ne regrette rien. Reçois tout ce qui t'arrive, même le spleen. Respire. Ce voyage se révèle un magnifique voyage intérieur où le lien de ceux qui t'entourent en France devient solide, s'éclaire d'un nouveau jour où l'amour peut se ressentir, peut se dire.

    Bises au Nounours, prends soin de toi.

    Annie

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  9. Hey!! J'ai lu ton article il y a quelque temps et ça m'a beaucoup touché Pétro. Mais je n'ai pas eu le temps de t'écrire un comm correct. Quisiera ahora hablarte en espanol, porque en esa lengua habla mi corazon!
    Quisiera estar alli para ayudarte y aconsejarte, reconfortarte. Entiendo que te preocupes por esa gente con suerte diferente a la tuya...pero fijate bien!! Es gente alegre?
    Ve a verlos y hablales, comparte!! De ambos lados se pueden dar enormemente.
    Seria mejor hablarte en vivo, yo no soy una maestra jedai de la pluma como vos:)
    Intentare comentar mas tus posts, pero no olvides que hay mucha gente aqui que te aprecia y que te lee
    Te quiero y vaya en paz con Tchalchuiltlicue!!
    Magda

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