12 juin, 2011

Le paradoxe des soeurs siamoises

Quelques jours à peine après avoir publié mon dernier article me voilà déjà entrain d'en écrire un nouveau. Bon sang que c'est bon d'avoir du temps libre et de revoir ses amis. J'en avais oublié à quel point c'était magique. Depuis plusieurs jours je rêvasse à la fenêtre du van qui me transporte de Playa à Puerto sur les divers sujets que je souhaite aborder dans chacun de mes articles tout en me disant que cela ne fait même pas une semaine depuis mes derniers écrits...il me reste encore du temps. Alors je me rappelle les mois précédents durant lesquels j'écrivais tous les jours ou presque. Me revoilà inspirée et libérée pour en revenir à ces aventures que vous suiviez assidûment pour certains et de manière plus aléatoire pour d'autres. C'est y est, enfin j'ai changé de métier et ça me change la vie. Mais laissez-moi donc vous raconter le paradoxe des sœurs siamoises.

Concierge ? oui c'est comme ça que ça s'appelle ce que je fais. Non ça n'a rien à voir avec celles qu'on connaît dans ces luxueux appartements à Paris. Je suis dans les relations publiques. A la base mon travail est plutôt simple. Je dois répondre aux questions des clients de l'hôtel que ce soit en face à face, au téléphone ou bien par mail. Je dois aussi faire des réservations pour eux dans des restaurants, et des clubs en tout genre. Je dois faire face à leurs plaintes de bébés capricieux et pourrie-gâtés pour certains. Je suis à la fois maman, nourrice, meilleure amie et esclave des clients. Mon travail consiste aussi à rentrer tous les questionnaires de satisfaction dans l'ordinateur (quand mes adorables maîtres les clients de l'hôtel m'en laisse le temps). Je deviens peu à peu (mais pas sans difficulté) une as de l'ordi, et des programmes de réservations et de payement. Si l'on m'avait dit un jour que je serai en mesure de comprendre ces écrans remplis de fenêtres aux formes et aux couleurs austères ou s'alignent lettres et numéro signifiant des abréviations en tout genre et plus de ça en espagnol jamais je ne l'aurais cru. Et pourtant si ! Certes le protocole des payements me dépasse encore un peu mais vous comprenez c'est qu'il faut d'abord que je facture les dépenses sur le compte du client, puis que je fasse un suivi s'il m'a payé, puis que je fasse « arquer » les mouvements d'argent du client, puis que je réalise une transaction et enfin d'imprimer les factures pour les archives : vous savez ces factures donc les lettres sont écrites en tout petit en violet sur du papier blanc avec des chiffres et des lettres de partout...et ben moi je fais ça. A part ça, il est également de ma responsabilité d'envoyer fleurs, fraises et champagne, gâteau, panier de fruits et bouteille de vin à tous les clients réguliers, VIP, ou célébrant leur anniversaire, anniversaire de mariage , et commander une super chambre romantique avec pétales de rose sur le lit et le sol pour les mariages ou juste mariés. La seule chose qui me rapproche du nom de ma fonction c'est que je me dois de savoir tout ce qu'il se fait dans l'hôtel avec qui, quand et comment. En grande commère de service je sais tout et dois être en mesure de tout raconter à tout le monde. Je me dois de savoir le pourcentage d'occupation, le nombre d'arrivées et de départ des clients chaque jour, les activités de la journée, la météo de la semaine, les anniversaires, mariages et célébrations à fêter chaque jour et j'en passe. Pour cela j'ai du apprendre bien des choses et sur le ta. On dit que c'est comme ça qu'on apprend le mieux et je ne peux être plus d'accord. La seule chose est que mon premier jour en solitaire à mon bureau fut le jour le plus occupé et difficile m'a dit ma chef de toute sa carrière dans l’hôtel. Le plus pénible tout de même a été l'apprentissage des programmes complexes en informatiques et des protocoles mis en œuvre dans l'hôtel pour coordonner et organiser des actions qui requièrent le travail d'environs 200 personnes affectées à une vingtaine de postes ou de divisions différents. Je reconnais avoir été prise d'un profond désespoir lors de mes premiers jours de formation devant mon écran. Mais après réflexion j'ai pensé que si ma mère incapable de changer sa photo de profile facebook seule a pu apprendre le même genre de chose à son travail, je pouvais donc moi le faire aussi bien qu'elle. N'empêche qu'elle n'avait pas 150 clients par jour qui venaient lui poser mille questions dont elle ignoraient totalement les réponses ou se plaindre pour mille et une raisons en se moquant éperdument que ce soit son premier jour. Bon, j'ai survécu à ça mais avec étonnement. J'ai développé par la suite cette étrange théorie du paradoxe des sœurs siamoises. Après huit mois de médiation improvisée, à m'extasier sur la nature et ses beautés, à découvrir un nouveau mode de penser et à aiguiser mes sens pour ressentir plus et penser moins, je me jette dans le gueule du loup formateur et carré aux protocoles imparables et improbables. Je me dois de penser comme une machine et de refuser toute émotion et ne peux m'éloigner de la marche à suivre. Je me sens comme divisée, coupé nette en deux de la tête au nombrils en laissant mes deux moitiés de corps attachée l'une à l'autre pas moins que par mon bassin. La partie droite se tient droite et ferme et suit les règles comme elles sont. La partie gauche est gauche oui mais touchante et humaine. Elle est plus ouverte à l’énergie émanant de chacun. Je suis devenue une sœur siamoise à moi toute seule. Un corps mais deux cerveaux.

En retrouvant par hasard mon vieux carnet dans lequel j'écrivais tout lorsque j'avais le temps de vous écrire je suis tombée sur mes notes de toutes mes premières impressions au Mexique. Mon arrivée, mes premiers chilis, mes premiers amants mexicains, mes premières expériences hallucinogènes, mes premiers progrès en espagnol, mes premiers amis, mes premiers coups de blues... Les premières notes datent d'un repas de midi organisé en mon honneur peu de temps avant mon départ où j'ai fait d'ailleurs l’acquisition de ce carnet et de deux autres. On peut voir dessus les adresses e-mails et numéro de téléphones de mes oncles, tantes, cousins, cousines et amis. Peu à peu on arrive aux notes et listes de dernières minutes avant le départ du style brosse à dent, shampoing et traitement antipaludique (dont je n'aurai jamais fait usage). Enfin griffonnées à la va vite des notes sur ce que j'avais à vous raconter à ce moment là qui se sont finalement transformées en de longs paragraphes publiés ici même. Je suis devenue un peu nostalgique sur le moment. J'en ai fait du chemin depuis ces premières notes. J'ai appris l'espagnol, j'ai appris à cuisiner mexicain, je mange maintenant des piments tous les jours, je me suis fait des amis mexicains mais aussi français et belges qui ont été ma famille au Chiapas et qui se reconnaîtrons ici sans problème. J'ai vécu dans les montagnes indigènes à faire du café du miel et des herbes médicinales, j'ai fait face à la misère mexicaine et aux problèmes que cela engendre. J'ai vu les plus belles mers du monde au bleu les plus turquoises. J'ai observé l’impérialisme américain sur le Mexique et je ne sais plus combien vaut un euro en Europe. Les huit mois que j'ai passé ici me paraissent à la fois courts et longs. Court parce que huit mois après tout ce n'est pas beaucoup sur l'échelle d'une vie humaine. Long parce que j'ai tant vécu et appris qu'il me parait impossible de savoir et de continuer d'apprendre en un laps de temps si court. De plus je me sens si loin maintenant de Tzajala, de ce que j'y ai vécu en comparaison avec la vie que je mène maintenant. Il me semble d’emblée qu'on puisse couper ces huit mois en deux parties: les trois mois passé au Chiapas avec les trois autres passé avec Dani puis ces deux dernier dans l'hôtel. Dans la première partie j'ai appris comme je le dis plus haut à écouter, à voir à sentir et à rire. J'ai développé je crois au cours de ces mois mon sens de l'humanité et je m'en sens redevable auprès de ceux que j'ai rencontré et auprès du Mexique en générale. Je marque ici ma relation qui restera toujours privilégiée avec le Mexique comme j'ai marqué cinq ans plus tôt mais sans m'en rendre compte cette fois-là une même relation avec les États-Unis.

Du côté de l'autre sœur siamoise, celle qui s'est développée ces deux derniers mois dans l'hôtel et bien plus profondément ces dix derniers jours comme concierge j'apprends un autre système. C'est presque comme une autre vie, une autre personne que moi. Je côtoie maintenant un autre style de personne. Des gens qui n'ont jamais été dans le besoin, qui ont perdu ce sens de l'humain ou qui ne l'on jamais développé. Dernière mon écran d'ordinateur aux lettres et chiffres sans fin, entre mon téléphone aux mille touches de transfères téléphoniques le combiné vissé à l'oreille, mon tailleur bleu marine et en talons j'aborde des gens à la fois de très haute et très bonne éducation tout comme les plus grossiers et inhumains qu'il soit possible de rencontrer. Il y a quelques semaines alors que j'étais encore animatrice, une collègue du Kid's Club m'a raconté qu'un enfant d'une dizaine d'années est entré dans son bâtiment et a commencé à semer le désordre en jetant tout ce qu'il voyait par-terre. Lorsque celle-ci s'est fâchée et lui a dit d'arrêter, l'enfant lui a répondu Tais-toi! C'est moi qui suis ton patron ici. Si toi tu manges c'est grâce à moi. C'est un bien triste exemple qui montre une réalité de la vie. Le paradoxe des sœurs siamoises c'est universel mais c'est plus dur au Mexique et dans les pays les plus pauvres. Il semble qu'on y trouve toujours la grandeur d'âme, la bonté de l'humain comme le mépris, l’indifférence, la violence et la discrimination dans leurs apparences les plus extrêmes.

Prenons simplement mon lieu de travail qui est je le reconnais agréable et surtout humain si on le compare aux autres hôtels dirigés par des européens ou des américains (mon chef est mexicain, ce qui est très rare dans le coin). Il existe quand même des détails qui frapperaient les yeux de n'importe quelle personne isolée de tous ces maux. A la cantine alors que je mangeais seule j'ai passé comme ça sans réfléchir le regard sur les employés et je me suis rendu compte comme un scientifique crierait Eurêka en découvrant comment créer une machine à voyager dans le temps qu'étrangement les plus bronzés et plus petits de taille (les plus proches des mayas) étaient affectés aux poste de jardiniers, de femmes de chambre et de nettoyeurs. Tous ceux au tailleur bleu marine comme le mien ou au costards les plus élégant étaient grands et au traits beaucoup européens. Je ne m'en étais jamais aperçu. Pour moi, quoi qu'il arrive, les mexicains seront toujours plus foncé que moi. Je ne faisais pas de distinction entre ceux qui sont foncés de peau et ceux qui le sont encore plus. Il m'aura fallu presque deux mois pour voir la différence. Comme quoi je suis loin d'être étrangère à ce mode de penser. Ou bien peut-être aurai-je oublié ? Je m'étais déjà demandé si on pouvait s'habituer à la misère. Mais je n'aurais pas pensé qu'on pouvais oublier aussi facilement comment penser autrement que dans un monde dont les codes sociaux sont aussi racistes. Peut-être alors existe-t-il une façon de vivre meilleure que la notre mais qu'absorbés comme nous le somme dans un monde, une société et une violence dont nous nous somme habitués, nous ne parvenons pas à voir les choses sous un autre jour. Si une personne comme moi dont l'éducation a été de se révolter chaque fois que les droits humains sont remis en cause ou piétinés a pu perdre conscience qu'elle vit dans un monde aussi raciste, alors qu'en est-il du reste de l'humanité dont une minorité seulement sait lire et écrire et est suffisamment éduquée pour se poser ce genre de question ? Et ça fait d'autant plus froid dans le dos de se dire que ça fait depuis des millénaires qu'on est bloqué là dedans.
Je peux aussi continuer avec les exemples suivants d'une société de classe qui me semble injuste. Nous touchons tous deux fois par mois notre pourboire inclus à la note des clients de l'hôtel. Pourquoi celui des concierges est-il plus élevé que celui des animateurs ? Et s'il est plus élevé que celui des animateurs alors j'imagine que celui des femmes de chambre par exemple est bien plus bas. L'exemple des toilettes est aussi intéressant, en tant que concierge, je partage les toilettes avec les réceptionnistes et les chefs. La décoration y est nettement différente de celle des employés en cuisine, nettoyage et jardinage. Nous bénéficions de chasse d'eau et robinet à détecteur de mouvements, un sol et des mur effet marbré blanc et rouge. Les autres employés eux ont du carrelage blanc bas de gamme, des murs peints en blanc et des robinets non automatiques qui, depuis que je travaille à l'hôtel fuient et sont donc responsables de flacs d'eau glissantes et dangereuses sur le carrelage.

Parlant de discrimination et de racisme j'ai eu l'opportunité d'être confrontée au point de vu américain et mexicain. Alors qu'une famille d'afro américains était en vacances sur mon lieu de travail une des vendeuse de cigares Leti, ma maman mexicaine comme je me plais à l'appeler a appelé l'un d'entre eux « chocolatito » petit chocolat pour ceux qui ont pris allemand au collège. Leti m'a avoué avoir un penchant pour les noirs. Elles aime les hommes à la peau foncé et particulièrement les noirs. Elle est bien malheureuse ici m'a-t-elle dit car des noirs il y en a pas beaucoup au Mexique bien que la plupart des gens aie la peau foncé ils ne sont pas exactement noirs et n'ont ni le corps ni les traits afro. De là, la grand-mère de la famille afro américaine m'a dit, non pas méchamment mais suffisamment claire qu'il était très mal vu par la communauté noire de les appeler chocolat car, selon la culture, cela veut dire pour eux que tout ce que nous voyons d'eux c'est leur couleur et rien de plus. Je comprend son point mais au Mexique il est en autrement. Je pense que j'adhérais déjà à ce mode de penser avant et j'en fais d'autant plus partie maintenant après ces enseignements à voir en chacun la beauté de Dieu même. Je n'ai jamais pu partager mon point de vue avec cette grand-mère de l'état de Georgia mais voyez-vous au Mexique on met souvent en avant le physique des gens. On m'appelle la petite blanche comme on appelle les noirs petit chocolat ou petit noir mais cela n'a rien de discriminant. Au contraire il met en avant l'acceptation de la différence. Nous ne voyons pas la couleur comme une marque de différence qui met en avant son titre et sa classe sociale dans le monde. Il n'y a pas de supériorité ni d’infériorité dans les couleurs. La variété des couleurs de peaux dans ce monde est un fait et nous l'acceptons comme une beauté vraie, une différence et une grandeur de l'humain. Au Mexique je vous ai dit que j'ai appris à aiguiser mes sens, à sentir et ressentir la bonté et le beau de chacun, cela en fait partie. Je ne me sentirai plus mal à l'aise à l'idée de parler de la couleur de peau d'un autre. Je ne m'abaisserai plus à ce tabou d'un passé trop lourd et trop violent qu'on voudrait oublier mais qui reste trop marquant pour le laisser s'abandonner dans nos mémoire. Je veux aller de l'avant et ne pas me laisser influencer par l'horreur de l'esclavage et de l'exploitation de l'Homme par Homme. En tant que femme je penser être de ceux qui comprendront le mieux les répercutions de l'esclavage sur la communauté noire du monde entier puisque mes sœurs à travers le monde sont encore victimes de cette abomination. Je peux simplement dire aujourd'hui qu'après ces huit mois au Mexique je ne verrai plus jamais mes amies de primaire et collègue Fatoumata ou Alimata de la même façon. Leur beauté noire leur donne une image de reine africaine. Je n'ai jamais observé leur couleur comme une différence ou une barrière, elle est une beauté, une force, un don de Dieu pour l'humanité. Ne gardons pas les lèvres celées lors que nous abordons la couleur de chacun. Ne baissons pas les yeux de honte et de malaise. Ne la refusons pas, acceptons-là, élevons-là car elle fait partie de notre richesse d'hommes et de femmes.

01 juin, 2011

12 jours pour un mois de solitude

Il revient dans 12 jours mon futur amant. Oui je sais je ne perds pas de temps, après avoir rompu avec Daniel qui m'a dit ne pas m'aimer, ce qui m'a valu une nuit entière à tremper mes draps de larmes, de morve et de bave je me suis retrouvée trois jours plus tard à flirter avec un autre. Ce même autre qui m'a dit dimanche dernier pendant notre rendez-vous qu'il me trouvait super sympa, qu'il voulait me connaître plus et que je lui plaisais beaucoup. Et tout ça avec un sourire qui faisait trois fois le tour de son visage et des yeux tristes de déception puisque le lendemain il devait s'en aller deux semaines en vacances dans sa famille dans un petit village près de Mexico. Il m'a dit avant de se quitter que même s'il était pas là pendant deux semaines on s'enverrait des messages et que lui m'enverrait le premier. Sur ce il m'a embrassé sur la joue et m'a serré dans ses bras. J'ai été bien surprise qu'il ne m'ait pas embrassé sur les lèvres, mais ça rajoute du piquant à l'histoire j'imagine. En attendant je n'ai toujours pas de nouvelles, et ça me perturbe. Ça avait pourtant l'air d'être bien parti. Pour moi il n'y a qu'une explication possible, il a eu un souci avec son téléphone portable : plus de batteries, plus de crédit ou perte du portable. Je le verrai donc dans 12 jours. Bon sang ce que c'est long 12 jours ! Je vois déjà là vos têtes et j'entends déjà vos pensées à l'autre bout du monde. A peine ai-je terminée avec Daniel me voilà déjà partie et amoureuse d'un autre que je connais à peine et qui ne me traitera certainement pas comme il se doit. Et ben j'm'en fiche ! Je veux une idylle, je veux un amant, je veux un amoureux.

Je commence petit à petit à me lasser de mon travail. Il me plaît toujours mais les horaires me pèsent. Je quitte tôt mon appartement et rentre suffisamment tard pour ne pas avoir avec qui parler. Il me manque une famille, des amis. J'ai bien des amis à Playa mais je ne peux pas leur demander de venir chez moi à 11h du soir pour qu'on dorme ensemble. Non je veux juste une présence, un corps humain contre qui me blottir la nuit et qui me serre dans ses bras le soir en rentrant les jours où pour des raisons x et y ça n'a pas été. Il me faudrait une maman ou un frère mais j'ai oublié les miens en France avec les quelques bouquins et robes que j'ai pas pensé à apporter. Alors j'ai pensé un amoureux ça pourrait le faire non ? Non, je ne suis pas une dépendante de l'amour et des hommes. Seulement, comme me l'a dit un collègue de travail avec qui je m'entend à merveille, la plupart des gens qui vivent à Cancun et Playa del Carmen sont venu seuls et sans famille alors quand on regarde leur partenaire, ils sont souvent des couples improbables que personne n'aurait pu imaginer. Mais bon, pour ne pas être seuls ils sont ensembles.

Celui sur qui mes yeux se sont posés s'appelle Franco. Oui je sais en Europe c'est mauvais augure mais au Mexique c'est un très beau prénom. Il a 26 ans et vit à Playa depuis 3 ans. Il a fait des études de photographie et a été photographe un moment. Il voulait être photographe de plongée mais il n'a pas pu continuer parce qu'on lui a volé son matériel. Il a alors fait sa vie dans le tourisme en donnant des spectacles dans les boites de nuit et les hôtel (je l'ai d'ailleurs rencontré dans le mien) avec une troupe d'artistes qui divertissent les foules en manipulant dans tout les sens des torches et des chaînes en feu. Le spectacle est plutôt épatant ma foi et les danseurs sont tous dotés d'un look plutôt extravagant. Pour vous décrire ma nouvelle conquête, il porte une crête sur le crane, un piercing à la narine et au septum et un autre sur la lèvre inférieur. Niveau vêtement c'est un drôle de mélange entre hippy et punk, mais c'est un mélange qui me plaît. Et puis de toute façon les Maya étaient eux même une espèce de punks.

Voilà, je vous ai tout balancé ce qui occupe mon esprit depuis ces derniers jours. Il semblerait qu'il n'y ai pas suffisamment d'espace pour mes pensées et thèses morales et mes déboire amoureux. Pourtant je souhaite toujours écrire et il m'arrive souvent d'être prise d'un élan d'inspiration comme ça à des moments inopportuns. Mais je n'ai plus le temps pour me laisser aller à des veillées littéraires comme avant. Le travail me pèse trop. Je pense que je vais continuer quelques mois et voir s'il y a une possibilité de changer de poste pour faire réceptionniste ou travailler dans les relations publiques. Je travaille tellement que lorsque j'ai mon jour de libre je me sens comme perdue, assise sur mon lit à me demander ce que je vais bien pouvoir faire aujourd'hui. C'est aussi de là que me vient la nécessité d'un amant. Je ne vois plus mes amis ou presque plus, j'ai besoin d'avoir un point d'attache pour me sortir du travail. Je ne fréquente plus que mes collègues de travail. A eux je confie mes histoires et mes coup de blues jusqu'à il y a peu. Je me suis rendu compte qu'à me laisser aller à leur sympathie, certains ont montré un comportement jaloux dès que j'ai commencé à poser mes yeux sur le Franco, « el wey de fuego »le gars du feu comme on l'appelle à l'hôtel maintenant. Ce qui me vaut aussi le surnom de Petronila de fuego. Mes collègues de travail sont ainsi jaloux de ce jeune homme qui en faisant peu de chose a su attiré mon attention alors que eux en étant mes confidents et amis n'ont pas su acquérir la même importance. Cela peut se comprendre. Mais j'ai trouvé cependant peu correct de me faire croire du mal de lui alors qu'ils ne le connaissent pas. Lorsque j'ai eu le malheur de raconter que j'avais son numéro, tous m'ont dit de ne pas l'appeler parce que sinon, selon Le Code mexicain il me prendrait pour une fille facile et ne chercherait même pas à aller plus loin que ça. Lorsque plus tard je leur ai prouvé qu'ils avaient tord puisque je lui avais moi même envoyé un message et grâce à cette initiative j'avais pu passé une bonne soirée avec lui, soirée durant laquelle il m'a fait part de sa sympathie à mon égard ils m'ont dit sans hésiter : « Et tu l'as cru ? » avec un brun de mépris dans la voix semant ainsi le doute dans ma tête. Mais après avoir penser et repenser j'ai décidé d'arrêter d'écouter mes collègues et de croire ce que je sens. Et je ne dis pas ça au sens des sentiments amoureux ou d'x désir sexuel en tout genre. Simplement de mon sens humain à détecter la sincérité de la bêtise.

Je reprend mon article dix jours plus tard et un peu plus triste en reprenant la même phrase : Il revient dans 12 jours, enfin peu-être je sais pas. J'ai conté les jours jusqu'à aujourd'hui, le cœur accroché à mon calendrier et dans l'attente de plus en plus insoutenable. Et puis il y a eu ce message que j'ai envoyé à une de mes nouvelles connaissances, les collègues de ce Franco qui me plaît tant. Je lui ai demandé s'il allait être là le prochain lundi pour le spectacle de feu et là la réponse est tombée, fatal elle m'a pincé le cœur et fait monté les larmes au yeux : il reste une semaine en plus là-bas en vacances à Queretaro. Mais pourquoi me suis-je transformée en une telle créature ? Je ne me reconnais plus là, je sais pas ce qu'il se passe et ça me fait peur. Je suis libre, du moins je l'étais. Une fille libre aimante et généreuse et souvent amoureuse mais là, je me suis transformée en femme dépendante et bon sang quelle honte, si collante !!! Je suis dans un cercle vicieux et douloureux. Je me sens bête et idiote de me voir transformée en une telle chose à attendre désespérément qu'il revienne mon gars qui fait du feu que je me morfond de honte et cherche alors du réconfort dans les bras et les câlins d'une maman, de grands frères et d'amies qui ne sont pas là. Quelle autre option me reste-t-il alors que d'attendre le retour de l'objet de ma honte pour me morfondre dans ses bras à lui ? Alors je me dis s'il tarde à rentrer peut-être va-t-on m'annoncer dans une semaine jour pour jour que finalement il reste encore une semaine, puis encore une et encore une...Je perds patience et je ne sais que penser.

D'autant plus que mon travail comme je le dis plus haut ne me laisse que peu de temps à moi et à mes amis et me pousse encore plus vers cette horrible pente qu'est la solitude. Je rentre fatiguée chez moi et personne à qui parler et personne à embrasser. Je suis seule. Je vous l'annonce comme annoncerait son homosexualité cachée dans un village perdu du Texas un adolescent américain, c'est à dire avec honte et peur et dans le but de vous le dire, une bonne fois pour toute. Mais je ne perds pas espoir non plus. J'ai foi en moi et la force vital qui alimente tous ces projets les plus fous qui ont fait hurler mon père, révolter mes amis et une partie ma famille ou encore apporter enthousiasme et intérêt à mes autres amis et mon autre moitié de famille. Je me sens horriblement seule en ce moment bien que je sache que j'irai mieux d'ici quelques jours. La solitude est souvent une chose tabou dont les gens n'osent pas parler. Lorsque l'ont affirme se sentir seul alors tout de suite on passe pour un associable mal dans sa peau qui ne sait pas se faire des amis parce que sa mère est une chose froide et sans cœur qui ne l'aurait pas assez aimé dans sa jeunesse. Mais ma mère qui n'est pas une choses froide et sans cœur m'a tout à fait aimé durant ma jeunesse, et continue de le faire encore aujourd'hui. Mais bon, c'est juste qu'elle est pas là avec ses paroles qui calment tout de suite et effacent les maux les plus douloureux. Plus efficace que l’ibuprofène quand on a mal à la tête, je recommande La Môman, et plus particulièrement de la marque Agnès Fonbonne contre les peines de cœur et les coups de blues. J'ai oublié d'en apporter une boîte avec moi au Mexique quel dommage !!

Du coup lors d'un coup de blues dû à un trop plein de solitude le jour de mon 22ème anniversaire j'ai pris une décision pour faire face à cette situation. Je vais changer de travail. Je reste dans le même hôtel mais change simplement de service. Je passe d'animatrice à concierge, c'est à dire relations publiques. Le travail en lui même est trop varié pour donner une explication concrète. Moi même je ne sais pas encore exactement de quoi il s'agit mais les horaires de 8h par jour au lieu de 12 m'ont séduites et j'ai bondi sur l'occasion. Je termine donc ce mois de mai comme instructrice d'aquagym et coach de volleyball et à partir du mois de juin je quitterai mon short et mon maillot pour le troquer contre un super tailleur bleu marine avec chemise blanche et cravate noire et doré. La grande classe quoi !

Je continue bien des jours plus tard cet article que je n'arrive décidément pas à finir par le manque de temps mais aussi par mon insatisfaction à me lire et relire sans arrêt. Il y manque quelque chose à cet article. Du moins il y a trop de Franco dans l'histoire. J'ai honte famille, amis, lecteurs de me voir sous cet angle là. De la fille enamourée qui se torture seule pour un bête garçon. Je ne saurai dire s'il est bête car je ne le connais pas encore assez. Je résume en gros mes derniers jours. Il a fini par rentrer le punk, à la date qu'il m'avait dit, cette collègue s'est simplement trompé. Il est bien rentré pour me dire qu'il venait de terminer avec son ex et qu'il préférerait rester seul. Certes je comprend mais ce n'est pas une raison pour ne pas m'envoyer de messages et me laisser deux semaines me morfondre comme une idiote ! Je ne suis pas en colère mais apaisée de savoir au fond ce que veut ce jeune homme.
Je termine cette dernière semaine comme animatrice et dans une dizaine de jours je commence en relations publiques. Je suis contente et effrayée à la fois. Contente d'avoir des horaires normales et effrayée après trois ans dans l'armée et autres x petits boulots toujours un peu étranges de me retrouver en tailleur dernière un bureau. On verra ce que le destin me réserve mais je ne pense pas que je puisse être aussi mal que je l'ai été ce mois-ci. A travailler tant je me suis retrouvée dans une solitude que je n'aurais jamais imaginé exister. Elle s'estompe petit à petit car je me force à veiller tard pour voir de nouveaux amis, mes nouvelles connaissances qui font le spectacle de feu. Je choisi leur compagnie au sommeil car ce n'est pas mon corps ou mon organisme qui est affecté par le travail mais mon cœur, mon âme ce qui est bien plus grave. Le changement arrivera bientôt et mon temps libre me guérira d'ici quelques semaines je l'espère. Je n'aurais jamais cru que l'amitié et la famille serait aussi important. A vous tous je vous envoie ce que mon cœur a de meilleur. Sans vous, je ne serai rien d'autre qu'un corps.

Il y a peu j'ai reçu un mail de ma mère qui devant me rendre visite au Mexique me dit que pour des raisons financières il lui sera difficile de venir. Elle tente dans ce mail de ne pas se sentir trop coupable en espérant je le sens que je ne la blâmerais pas trop. Je tiens à lui répondre ici dans cet article et devant tous mes lecteurs la réponse suivante.
Jamais je ne douterai de l'amour de ma mère. Peu importe la distance, elle restera ma mère. Même si elle est loin je porte en moi la moitié de son code génétique et j'estime donc que ses initiales tatouées sur le corps ou pas elle fera toujours partie de moi. Je ne me quitterai jamais d'elle, elle sera toujours là en moi dans la chaire de mon corps, mes poumons, mon cerveau et mon cœur. Après avoir squatté plusieurs mois son utérus et plusieurs années sa maison, je ne pense pas pouvoir lui en vouloir si elle ne vient pas me rendre visite. On squatte déjà la même planète après tout !

Bon je pense terminer cet article maintenant. Un mois entier que je tente d'y mettre fin ! Hier a été mon dernier jour en animation. Ça a été un jour heureux et triste à la fois. Il y a comme un début de la fin dans l'air. Heureuse je l'étais, j'ai profité de mes dernières heures dans la piscine et au buffet du restaurant mais j'ai tout de même été triste de quitter ce poste. Je n'ai pas pris cette décision de changer de travail parce que je n'aimais pas suffisamment l'animation mais plutôt parce qu'il implique un emploi du temps que ne permet aucune vie sociale. Une de mes collègues m'a sérieusement agacée ces derniers jours en répétant une même blague idiote (enfin j’espère que c'en est une) comme quoi je serais une petite nature qui ne supporte pas grand chose car je ne suis restée que 2 mois en animation. Je me suis d'abord senti comme lorsque j'étais enfant et que mes frères et parents disaient que je pleurnichais pour un rien (ce qui était vrai il faut le reconnaître) puis j'ai soudainement été prise d’indignation. Qu'elle fasse la moitié de ce que j'ai accompli la petite Laura !! Elle est pas partie à l'autre bout du monde elle, toute seule sans personne. Elle est a quelques heures d'avion de chez elle dans son pays et vit avec sa meilleur amie. Elle a pas perdu tous ses amis et a pas rompu avec son ex il y a peu. Et sa mère l'appelle tous les jours au téléphone. Elle a pas du apprendre une langue ni ne se sent paumée par moment dans un humour qu'elle percute pas toujours entre des blagues à double sens et des mœurs incompréhensibles qui n'ont ni queue ni tête.

Tiens de ça aussi il fallait que j'en fasse mention. Je devais vous expliquer en quoi les codes de séduction des mexicains et des français différaient tant. Je dois dire que lorsque j'étais aux États-Unis je n'ai pas été aussi perdue dans la difficile et parfois périlleuse tâche de conquérir le sexe convoité. Tout un art et ce avec des notions bien différentes dans chaque pays. Mais je dis haut et fort, je l'affirme moi Pétronille Lemenuel à toutes celles qui oseront s'aventurer dans la jungle du Mexique que les mexicains, mêmes ceux qu'on soupçonnerait le moins sont une bande de gros machos. Certes ils ont bon nombre de qualité et de bonté. Ils sont généreux et accueillants. Mais en tant que jeune femme libérée et petite fille de féministe dont la lignée nous a montré que les femmes de chez nous naissent indomptables et rebelles je crois que je ne serai jamais femme de mexicain. C'est fou comme en étant dans un pays étranger on apprend du sien en même temps. Laisse-moi vous montrer ma vision de la séduction France vs Mexique.

La France d'abord, pays que je critiquais et considérais comme machiste me semble soudain un des plus féministes du monde. Je le reconnais publiquement en tant que femme nous avions un statut privilégié et jouissons d'un respect et d'une paix royale avec nos bonhommes si l'on considère le reste du monde. En tant que femme, voilà ma vision de la séduction en France. La femme mène la danse et envoie signaux en tout genre à l'homme pour lui faire part de son intérêt. L'homme lui reste passif mais se doit de garder un œil vif et observateur pour chacun des signaux de la femme qui lui diront s'il peu s'approcher d'avantage ou bien au contraire reculer. Dans mon cas, un homme qui prend les choses en mains et tente par tous les moyens d'attirer mon attention sera illico éliminé pour manque de respect à mon horloge sentimentale et sexuelle. Voilà de ce qu'il en est pour moi, je sais bien sûr que toutes les femmes de France ne sont pas comme moi mais dans un aspect générale il me semble que les choses ainsi fonctionnent.

Au Mexique maintenant il en est bien autrement. Les Mexicains aussi machos soient-ils sont des durs qui aiment souffrir. Selon eux l'homme doit tout faire et la femme reste passive. Lui se doit de la conquérir et elle doit lui accorder lorsque bon lui semble que le conquistador a suffisamment joué au petit chien. Cependant une femme qui s'avance vers un homme et lui fait part de son intérêt perd presque automatiquement toute chance d'obtenir ne serait-ce qu'une nuit avec lui. Les hommes mexicains ont peur de ces femmes là me semble-t-il. Si je peux être honnête le cas mexicain me semble dégradant pour les deux sexe. Dans le cas de l'homme, sa métamorphose en homme-caniche m'indigne tout autant que les crimes contre l'humanité et l'exploitation des enfants au travail. Dans le cas de la femme, pour avoir vécu moi même et de trop nombreuse fois cette situation, je hais avoir le cœur accroché à la décision et l’attitude d'un autre. Non pas croqueuse d'hommes, je pense simplement être de ces êtres libres et entrepreneurs qui ne peuvent pas attendre que les choses soient à leur portée pour enfin les atteindre telle une caissière de framprix attend les article des clients sur son tapis glissant. Je pense vous avoir prouvé à tous que je ne suis pas de ces eaux là. La passivité ne me réussi pas. Je ne serai jamais Mexicaine.

Mais à quelle pays vais-je devoir appartenir alors ? Est-ce qu'un jour je me sentirai chez moi dans un pays en particulier ? Combien de nations et d'états vais-je devoir visiter avant de me sentir chez moi. La France connaît un rôle particulier, c'est l'endroit où je suis née, où vit ma famille et où j'ai vécu le plus de temps. Mais la France n'est pas mon pays. Les États-Unis, malgré tous les défauts qu'on leur connaît ont une place de choix dans mon cœur. J'ai même annoncé à certains de mes amis mexicains que si je devais choisir entre les États-Unis et le Mexique, ce serait les États-Unis sans hésitation mais pas sans un douloureux pincement au cœur. Alors que je marchais le long de la plage en ce dernier jour d'animation j'ai senti un désir de continuer à voyager. C'était comme si le vent me disais que je devais m'en aller. Oui je sais je recommence dans mes délires mayas mais j'ai l'impression que mon temps au Mexique va se terminer. Je ne pense pas partir là dans les mois qui viennent. Il me reste à perfectionner mon espagnol et à expérimenter d'autres choses. J'avais envie d'aller en Afrique il y a peu mais en vue de ce qu'il se passe là-bas je pense que ça ne serait pas prudent. Alors j'ai un nouveau projet. A force d'être avec des américains toute la journée je fini toujours par leur demander à quoi ressemble leur état, quel temps il fait là-bas et leur réponse me pousse chaque fois un peu plus dans ce désir d'y retourner. Je pense que mon prochain voyage sera là-bas et mon projet sera de m’intégrer à la culture de l’Amérique profonde. Je veux aller au Texas au Tennessee et en Alabama ou au Montana vivre avec les cowboys les plus croyant en Dieu en la liberté et la suprématie américaine. Fou, oui je sais mais je veux apprendre à monter à cheval, à erre un cowboy et a vivre dans la campagne américaine puisqu'il me reste encore le temps et la jeunesse pour le faire. Oui je sais que ça ne sera pas toujours comme ça. Qu'un jour on me demandera des diplômes et un travail sérieux. Mais je ne me sens pas prête. J'ai conscience du monde d'aujourd'hui et des problèmes qu'il nous cause mais je préfère ça à avoir un travail fixe et être malheureuse. Je pense que ma vocation et ce à quoi j'aspire me viendra pendant un de ces voyages. Je ne me fais pas de souci pour moi, j'ai foi en moi et en ce qui m'entoure. Je dois encore voyager un peu et écrire.

Je m’arrête là pour cet article. Je ne le perfectionnerai pas aujourd'hui. Je laisse cette tâche à la future Pétronille. Pour le moment j'ai mille chose à faire.