04 juillet, 2011

J'ai comme une envie de danser

Une, deux, trois, quatre, cinq gauche. Une, deux, trois, quatre, cinq droite. Une, deux, trois, quatre, cinq en avant. Une, deux, trois, quatre, cinq en arrière. Les épaules qui commencent à durcir et à faire mal à force de s'exercer en culotte et brassière dans ma chambre avec un miroir installé sur une chaise bloqué entre le dossier de la chaise et un dictionnaire français-espagnol, un manuel de grammaire espagnol et un roman Mange Prie Aime. Ainsi je peux m’observer avec précision et corriger mes erreurs. Je m’entraîne avec mes bolasses de fortunes : un legging à 15 pesos auquel j'ai coupé la culotte y ai mis deux balles de tennis et fait deux nœuds aux extrémités pour ensuite les faire virevolter dans tous les sens. Au final, le but est d'avoir un résultat esthétique et gracieux. Pour le moment j'ai à mon compte une bonne centaine de coups de balles de tennis sur les cuisses, les mollets, les épaules et quelque uns à la tête mais rien de grave je vous rassure. Entre deux entraînements je prend le temps de faire une petite pause et de vous raconter ma vie puisqu'il semblerait pour l'instant du moins que j'ai plus de facilité à écrire qu'à faire virevolter mes balles de tennis déguisées en longues chaussettes. Je m’entraîne également au cerceau. J'avais déjà connu la bête étant petite fille il a donc été facile pour moi de la réapprivoiser. Je peux maintenant le garder en équilibre de façon gracieuse et élégante en le faisant tourner sur les genoux, les cuisses, la taille, le coup et commence depuis aujourd'hui seulement sur les épaules en jonglant avec mes bras : un, deux, trois, quatre, cinq épaule droite...un, deux, trois, quatre, cinq épaule gauche.

Je me suis trouvé ce nouveau hobby par mes nouveaux amis, ceux du spectacle de feu. Je suis devenue leur première fan. Tous les soirs ou presque je suis au Blue Parrot : une boîte branchée de Playa où ils font deux performances par soir. J'avoue avoir commencé à être fan par le biais de ce fameux Franco. Puis de par la force des choses à être avec le groupe d'artistes sans arrêt j'ai lentement développé un désir d'apprendre à faire la même chose. Mais le Don Raul y joue quelque chose aussi. Le vieux gérant du groupe m'a pris sous son aile tel un mentor déterminé à m'enseigner leur art. Il a su me convaincre. Il me veut dans son groupe parait-il. Lors que je lu ai dit que finalement tout compte fait je voulais bien apprendre, il m'a dit de m'acheter des balles de tennis, des longues chaussettes. Il m'a donné Ricardo comme professeur de bolasses, Michelle au cerceau et Franco au bâton. Ce dernier a décliné l'offre par une grimasse qui pouvait aussi bien dire j'ai pas le temps en ce moment tout comme s'il te plaît ne me la colle pas dans les pattes celle-là. En suite il m'a dit quand tu sauras bien en faire tu feras le spectacle et tu iras dans ton hôtel El Cid non pas comme concierge ou animatrice mais comme danseuse, tu feras parti du spectacle. J'avoue qu'il m'a un peu mis l'eau à la bouche. Mais je sais que ce n'est pas pour demain. Il faut que je m’entraîne pour être parfaite. J'ai du pain sur la planche mais ça ne me fait pas peur. Au contraire c'est comme un défi qu'on m'aurait lancé et j'aime ça.

Parlons boulot puisque de ce côté j'ai des nouvelles ma fois plutôt troublantes. Il y a une bonne semaine voire deux semaines est venue ma chef pour me dire que j'aurais 2 ou 3 jours de congé parce que l'immigration a envoyé des représentants pour voir si tout était en règle. Bien entendu mon FM3 est en court de route mais pour éviter les soucis ils ont préférés me donné quelques jours de repos. De ce fait je suis je suis rentrée chez moi toute contente de ces vacances improvisées mais c'était sans savoir qu'ils m'annonceraient deux jours plus tard qu'il me faudrait attendre jusqu'à l’obtention de mon FM3 pour retourner travailler ce qui peut varié de deux semaines à deux mois selon moi. Par la suite lorsque j'ai demandé s'ils allaient me payer entre temps ma chef m'a répondu comme si ça coulait de source évidemment que non puisque tu ne travailles pas. Et mon loyer c'est l'hôtel qui s'en charge ? Sinon pour le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner on fait comment ? je fais trois fois l'aller retour par jour ou vous livrez à domicile ? Voilà donc ma situation précaire qui devrait se débloquer d'ici peu grâce à un virement bancaire franco mexicain. Je me réjoui que le peso soit approximativement 15 fois plus bas que l'euro. Ainsi avec 500€ je peux tenir un bon mois si ce n'est deux en mangeant peu et en ne faisant aucune folie.

Ce qui m'a le plus angoissé dans l'histoire n'était pas de me retrouver à la rue et sans nourriture car après tout j'ai de bons amis ici à Playa et leur générosité mexicaine ne leur autoriserait jamais à laisser un ami dans le besoin. Seulement je ne voulais pas laisser mes colocataires dans le soucis et l'incapacité de payer la somme totale du loyer. Cependant je me sens de plus en plus tentée de le faire car ils ne sont pas bien méchants mais un peu trop carrés et exigeants sur des détails qui ne valent pas la peine. Ils m'ont plusieurs fois reproché mon manque d'attention lorsqu'il s'agit de faire la vaisselle ce que je ne comprends pas puisque dès le premier commentaire j'ai depuis toujours pris beaucoup de soin à ce que tout soit toujours impeccable mais bon passons. Ils m'ont également reproché de laisser la porte de ma salle de bain ouverte et vous comprenez que comme ça sent mauvais c'est pas agréable. Ils m'ont reproché de laissé mon ordinateur portable sur la table à manger de 6 personnes et que quand on est deux personnes à manger c'est impossible il n'y a pas la place. Aussi parce qu'ils ne veulent pas salir ou renverser de l'eau sur mon pc ce qui est de bonne intention ma fois mais de là à dire qu'il n'a pas à prendre soin de mes affaires alors que moi je suis obligée de me trouver un petit carré de place sur la table à manger étant donné qu'ils la squattent en permanence avec leur affaires. Mais je pense que le meilleur c'est lorsqu'ils m'ont dit qu'il fallait que je les prévienne si je devais inviter un ami dans l'appartement à manger ou à voir un film. Là j'avoue que je n'ai pas compris d'où ils voulaient en venir. Enfin il me reste quatre mois à tenir puisqu'en octobre le contrat se termine et eux s'en vont vivre dans une maison. J'étais un peu angoissée à l'idée de devoir chercher de nouveau un appartement et des colocataires mais je pense que je vais prendre un appartement seule et tenter l’expérience de ma vie, moi qui déteste être seule, c'est à dire vivre sans personne et n'avoir personne avec qui dormir lorsque j'ai vu une film d'horreur. Mais voyons le côté positif des choses, au moins je pourrai inviter qui que ce soit sans devoir faire de rapport à qui conque. Et puis ça me manque de me balader en sous-vêtements dans la maison (surtout par cette chaleur), de pouvoir sortir ou entrer dans la salle de bain nue, de faire pipi la porte ouverte et d'écouter la musique que je veux à l'heure que je veux et dans n'importe quelle pièce de la maison.
Je n'ai pas eu vraiment le choix de toute façon. Je n'ai d'abord plus envie de vivre avec des inconnus qui ne sont pas mes amis et puis j'ai déjà demandé à tous mes contacts sur Playa s'ils cherchaient un colocataire ils m'ont tous répondu que non. Bien que j'ai été un peu réticente au début à l'idée de vivre seule, je suis maintenant impatiente de voir ce que ça va donner.

Quelle horreur ce complexe de la feuille blanche. Je lis chaque jour cet article, tente de le corriger, de le modifier mais reste insatisfaite malgré les efforts. Je pense que mon manque d'activité dû au fait que je ne travaille toujours pas, ça va devoir faire trois semaines que j'attends encore mes papiers y joue quelque chose. J'ai certes le temps de m’entraîner tous les jours avec mes bolasses et mon houla mais je me sens vide d'inspiration. Cela est peut-être aussi dû aux averses que nous avons eu ces deniers temps. Du coup, je reste cloîtrée dans ma chambre dont j'ai totalement changé la disposition des meubles pour gagner un maximum d'espace. Ma chambre s'est transformée en salle de danse. Je ne suis pas beaucoup sortie et suis restée loin de la plage, mon lieu d'inspiration et suis à court de belle phrases, celles que vous aimez tant. Pourtant ce ne sont pas les thèmes que je souhaite aborder qui manquent. Seulement les mots ne me viennent pas. Je reste plantée devant mon écran. Me lis et me relis, tente d'écrire de nouvelles lignes mais rien de bien ne sort des cliquetis de mes doigts qui tapent sur mon clavier, alors j'efface tout puis et recommence.

Depuis ces trois semaines sans travail je dois avouer que je ne peux pas me plaindre de mon amélioration en bolasse et houla. J'ai acquis une souplesse dans les bras et le dos. Je suis plus fluide dans mes mouvements que ce soit avec le houla ou bien mes bolasses. Je suis encore loin de la perfection certes mais je suis surprise de voir combien j'ai appris en si peu de temps. Je pensais acquérir ce niveau en pratiquant deux mois au moins mais il semblerait que j'apprenne vite et je m'en réjouis ! Il me manque encore le bâton et les éventails pour avoir à mon compte quatre instruments pour faire du feu. Je n'aurais pas pensé développer un tel goût et une telle envie d'apprendre que je me surprends à vouloir apprendre à danser et à connaître les autres arts de la scène. Je pense que cette découverte vient de ma nouvelle activité mais je soupçonne également l'effet Mexique de ce nouveau désir. Loin des conventions françaises et de l'héritage culturelle d'une honte nationale du corps, je vois petit à petit mon corps comme un instrument capable de provoquer émotions en tout genre. Je lui découvre un nouveau pouvoir dont je n'avais pas conscience auparavant. J'ai comme une envie de danser. C'est grave docteur ?
Il me répondrait sûrement que c'est un désir refoulé d'une envie d'être désirée puisque je suis si loin de ma mère et de son amour et tente donc d'attirer l'attention sur moi en me faisant plus désirable que jamais. J'opterai plutôt pour l'envie de provoquer chez les spectateurs un sentiment, une émotion. Je me suis rendu compte en allant au Blue Parrot tous les soirs pour voir le spectacle deux fois par soir que chacune des danseuses dégageaient un énergie. Elles ont chacune leur style et leur émotion propre à elle. Moi aussi j'en veux une. Pas pour faire la belle et me pavaner à moitié nue en jouant avec du feu mais pour offrir quelque chose au publique.

A part mon envie de danser, j'ai fait le point sur mes activités futurs. Sur ce que je souhaite faire dans les années à venir. Je vais rester à Playa un temps, apprendre à danser avec du feu puis rentrer en France. Je veux en suite partir au Maghreb. Je sais que ça semble fou mais j'en ai envie. Je veux apprendre l'arabe, je veux apprendre la culture musulmane même si ça va faire mal des fois. Je ne peux me sortir cette idée de la tête. Elle devient d'ailleurs un peu plus forte chaque fois que je lis sur internet ces nouvelles consternantes d'un gouvernement qui me semble persécuter de plus en plus ceux dont je veux apprendre la culture. Je veux comprendre de quoi traite ce malaise. Peut-être est-ce dû au fait que ma maison me manque mais je me sens attirée chaque jour un peu plus par la culture musulmane, maghrébine et africaine. Mais ne vous consternez pas tout de suite. Vous ne savez pas ce qui suit. Par la suite j'ai l'intention de retourner en France, apprendre le Krav Maga comme je l'avais mentionné dans un précédent article et travailler, peu importe le poste pourvu qu'il me fasse gagner suffisamment pour pouvoir économiser et partir faire le tour du monde. Faire ma propre expérience de ce qu'il est. Je ne sais pas encore si j'irai seule ou accompagnée doù ma nécessité d'apprendre un art du combat : une femme qui voyage seule dans le monde à de forte chance de rencontrer du mauvaise monde ; bien que mon idée soit d'en rencontrer du beau. Je ne serai pas totalement seule cependant. J'ai dans l'idée d'y être suivie par ma plume ou peut-être une caméra. Je vous dévoile ici mes projets comme d'autres dévoilent leurs plus grands secrets : en déshabillant petit à petit leur cœur espérant que vous leur rirez pas au nez, pourvu que vous leur serez tolérants. J'en connais qui ne les apprécieront pas, mais je préfère me lancer dans une aventure mille fois plus folle que celle dans laquelle je suis déjà bien encrée et être heureuse que de me retrouver assise à un bureau avec un salaire suffisamment correct pour payer mon loyer, mes factures et un japonais de temps en temps.

A ceux qui ne comprendraient pas mes démarches et mes envies, laissez-moi vous expliquer ici que c'est avec beaucoup de regret que j'ai découvert que jamais je ne serai une bonne élève. Que jamais je n'aurais de diplômes universitaires, que jamais je ne vivrai heureuse dans un métro boulot dodo. Je souffre d'une incapacité à étudier et de m'en tenir à ce que je dois faire. Je veux apprendre et voir le monde parce que je n'ai pas d'autres choix. Je sais que j'ai 22 ans et la force de mes jeunes années. Je sais que ça ne sera pas toujours comme ça et je m'en inquiète. Je sais que je ne pourrai pas continuer à parcourir le monde avec insouciance (qui dit d'ailleurs que je le fais avec insouciance?) mais j'ai besoin de faire ça maintenant, durant mes année de force et de rêves. Je les imprimerai dans un carnet de voyage, les enregistrerai dans la mémoire d'un ordinateur pour les poster sur un autre blog égal à celui-ci ou les capturerai en image sur une camera. Je finirai par offrir ces voyages à d'autres. J'ai un projet dont les premières marches sont claires et précises mais devinent plus floues dans le futur plus lointain. Je les vois cependant qui suivent la ligne des premières. Je dois voyager pour savoir ce que je dois faire ensuite. Pardonnez mon incapacité à en dire plus et à vous rassurer quand à mon futur. Je n'ai pas d'autres explications. C'est comme ça et puis voilà.